La Miséricorde

Réunion de lancement de l’année Quo Vadis

Centre de l’étoile le 19 septembre 2015

 Introduction de Mgr Yves Le Saux au thème de l’année sur la Miséricorde

 

Un Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde

C’est toute l’Eglise qui est invitée à entrer dans l’année jubilaire et je vous invite tous à lire la bulle du Pape François (qui est reproduite dans son intégralité dans le livret 2015-2016).
«Il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante, à fixer notre regard sur la Miséricorde, afin de devenir nous aussi signe efficace de l’agir du Père. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu ce Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, comme un temps favorable pour l’Église, afin que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace. »

Fixer notre regard sur la miséricorde pour devenir nous mêmes miséricordieux.
L’invitation du Pape François reprend celle de Jean-Paul II et c’est un enjeu fondamental pour la situation du monde aujourd’hui.

Cf. le discours de François aux prêtres à Rome:

« Nous vivons dans un temps de la miséricorde, cela j’en suis sûr… C’était l’intuition du bienheureux Jean-Paul II. Il a eu du « flair » : nous sommes dans le temps de la miséricorde. Pensons à la béatification et à la canonisation de sœur Faustine Kowalska ; ensuite il a introduit la fête de la Divine Miséricorde. Il a avancé peu à peu, et il a continué d’avancer dans ce sens.»

La Miséricorde est la limite que Dieu impose au mal

C’est une intuition de Jean-Paul II,  explicitée en 2000, mais c’est quelque chose qu’il mûrissait en son cœur : la Miséricorde ce n’est pas une affaire privée, la Miséricorde est la limite que Dieu impose au mal.
La Miséricorde est à lire au regard du déchaînement du mal sans précédent au XXeme siècle :

le drame nazi, le génocide, le drame du communisme athée. Saint Jean Paul II a vécu cela dans sa chair. Il a perçu que la Miséricorde était l’unique moyen de contrebalancer le mal.
Dans son dernier livre intitulé « Mémoire et identité » Jean-Paul II nous dit :

«  C’est pendant cette période du début du XXéme siècle que fut révélé à sœur Faustine le mystère de la Divine Miséricorde. Ce fut comme si le Christ avait voulu révéler que la limite imposée au mal, dont l’homme est l’auteur et la victime, est en définitive la Divine Miséricorde. Dieu sait toujours tirer le bien du mal. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et puissent parvenir à la connaissance de la vérité. »

Je voudrais prendre le passage de la tempête apaisée pour entrer plus avant dans cette compréhension de la Miséricorde comme limite imposée au mal.
 Ce jour-là, le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. »

Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.

Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait.

Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »

Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.

Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »(Mc 4, 34-41)
– La mer dans la tradition biblique c’est le lieu du mal, du démon .

– Le sommeil : c’est l’image de la mort du Seigneur,

– Son réveil, de sa résurrection.

« Maître nous sommes perdus, cela ne te fait rien ? » C’est la conscience de la nécessité du Salut.

Nous pensons que nous n’avons pas besoin d’être sauvé, nous pensons pouvoir nous débrouiller tout seuls.

«  Nous sommes perdus ! » : c’est la question qui atteint l’humanité.

« Silence tais toi » : Jésus impose une limite au mal : c’est la Miséricorde.
Le mal c’est notamment :

– l’athéisme des régimes totalitaires

– c’est Daech,

– mais c’est aussi l’idéologie portée par le transhumanisme, « l’homme augmenté »

« L’homme qui vivra mille ans est déjà né » nous dit Google,

C’est quoi la miséricorde ?

Dieu amour se communique par pure gratuité.

La Rédemption : il prend sur lui le péché de l’homme pour nous en guérir, nous en libérer, nous en soigner.

Cf Adam et Ève au jardin d’Eden

Le péché produit la peur, la peur de  Dieu, la méfiance le doute,

la peur entre eux, la convoitise.

Dieu part à la  recherche d’Adam

« Où es-tu ? » Ce cri traverse toute l’histoire !

Cette recherche aboutit à Jésus, à la personne du Christ qui vient à notre rencontre.

La brebis perdue, ce n’est pas les autres, c’est moi.

Le basculement de ma vie, ça doit être ça, cette prise de conscience !

cf le livre d’Osée : « mes entrailles se retournent en moi et je t’aime »

La révélation ultime de la Miséricorde, c’est la Croix.

La miséricorde, ce n’est pas l’indulgence : être gentil avec tout le monde,

La mesure de la Miséricorde, c’est la Croix.
Prenons le texte de la femme adultère dans l’évangile.

Dans la loi juive les deux, homme ou femme, méritaient la lapidation

En l’occurrence, c’est l’intention des accusateurs qui n’était pas droite :

l’intention fausse, ça pourrit le cœur !

« Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. Ils s’en vont tous, en commençant par les plus vieux »

Seul Jésus n’a pas péché !

Le moindre péché le blesse.

Nous ne mesurons pas la souffrance du Christ, une capacité à aimer infinie.

Accueillir la Miséricorde, c’est aussi être bouleversé par cela.

« Moi non plus je ne te condamne pas »

Pour St Augustin, la justice ne serait pas réalisée à ce stade ; la justice est finalement accomplie parce que la pierre qui devait être lancée, c’est Jésus qui la prend sur lui.

Accueillir la Miséricorde

Nous sommes invités cette année à accueillir Jésus, sa miséricorde, à nous reconnaître pécheur.

L’accueillir tant du point de vue personnel que communautaire.
Cf l’interview du Pape François dans les revues jésuites.

A la question qui lui est posée, « qui est Georgio Bergoglio ? », il répond :

« Je suis un pécheur, sur lequel le Seigneur a posé son regard ».

Se laisser rejoindre par la Miséricorde de Dieu passe par se laisser rejoindre dans sa propre

fragilité, dans sa faiblesse, par l’accueil du pardon de Dieu.
Le sacrement de réconciliation, nous n’y échapperons pas au cœur de cette année jubilaire !

Un sacrement objectif qui pardonne tous nos péchés.

Les jeunes ont plus de facilité à se confesser.
La miséricorde entre nous, c’est un défi pour nos communautés chrétiennes.

Accueillir le pardon dans nos communautés marquées par les disputes, les ragots, la calomnie

… jusque dans nos communautés religieuses.

Que nos communautés soient des lieux du pardon.

Se faire miséricorde entre chrétiens, savoir accueillir ce qu’il y a de bon dans chaque personne.

Démarche personnelle, démarche communautaire.

Chaque communauté est invitée à faire une démarche !

Les œuvres corporelles de miséricorde, c’est donner un signe de la miséricorde.
Il faut poser des actes concrets :

Cf l’évangile de saint Mathieu (ch 25)  : «  J’étais nu et vous m’avez habillé, j’étais malade et vous m’avez visité, j’avais faim, vous m’avez donné à manger, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli …»
Cette année nous sommes invités en équipes Quo Vadis à  poser des actes concrets, des œuvres de miséricorde concrètes.
À propos de la mondialisation de l’indifférence, à Lampedusa, le Pape François disait : « que nos communautés deviennent des îles de miséricorde dans une mer d’indifférence ».
La première démarche, sera d’ouvrir les portes jubilaires :

nous allons ouvrir une porte à la cathédrale Saint Julien le samedi 12 décembre 2015 au soir.

Il faut proposer au maximum de personnes de la passer tout au long de l’année.

Une autre porte sera ouverte à Notre-Dame du Chêne.
Je prévois aussi en lien avec les paroisses volontaires, l’ouverture de « petites portes » ponctuelles à différents moments de l’année dans des sanctuaires ou chapelles de la Sarthe comme par exemple Notre-Dame des Vertus à La Flèche.

Portes qui pourraient être ouvertes pour une journée ou quelques jours.

Les équipes Quo Vadis seront invitées à être motrices pour participer, organiser, animer, en lien avec les curés.
Nous avons pour cette année le projet de reproduire une image tirée à des milliers d’exemplaires, lisible par tout le monde, avec une prière, image qui sera distribuée au nom du diocèse, de l’évêque, pour le jubilé. Cette image devra être distribuée largement à toutes les occasions : sorties de sépultures, mariages, kermesses, fêtes civiles comme le 11 novembre, les vœux du maire….
Je voudrais conclure sur un témoignage personnel :

pendant l’année jubilaire de 1985, j’étais séminariste à Rome, j’ai échangé avec une amie qui s’inquiétait pour son frère. Elle m’a demandé de passer la porte jubilaire pour lui.

Le jour de la clôture du jubilé, par hasard, ledit frère était à Rome, il est entré dans la Basilique Saint Pierre, boum ! Ça lui est tombé dessus ! … Il a renoué avec la foi de son enfance, aujourd’hui il est évêque. C’est la grâce du jubilé, la grâce d’une année jubilaire !

J’aimerais qu’on propose à tous, dans tous les coins du diocèse, une démarche pour permettre à Dieu de toucher tous les cœurs.